dimanche 8 mars 2015

Broadchurch



Alec Hardy & Ellie Miller

Attention spoilers !

Broadchurch, petite ville sur les côtes du Dorset. Ici tout le monde se connait, s'apprécie, se juge.

 Un matin le corps du jeune Danny Latitmer est trouvé sur la plage. Dès lors c'est toute une communauté qui se retrouve impliquée dans l'enquête menée par Alec Hardy, capitaine muté après une précédente enquête difficile. Acompagné du lieutenant Ellie Miller, proche des Latimer, ils feront tout pour révéler l'identité du coupable dans ce cercle fermé où le mensonge est roi.

De cette petite ville émane une lourde ambiance, on étouffe. Comme dans un huit-clos. L'horreur et la stupéfaction du meurtre font désormais place aux doutes. Serait-ce Mark Latimer, père brisé par la mort de son fils, homme dévoué à sa famille mais que l'enquête relèvera un comportement violent avec Danny? Serait-ce le révérend Paul Coates, Homme de Dieu luttant avec ses besoins sexuels?  Ou bien serait-ce Tom, fils d'Ellie Miller et meilleur ami quelque peu jaloux de Danny?

Mark Latimer & Beth Latimer

Au fil de des découvertes de Alec Hardy et Eddie Miller, c'est toute la ville qui est mise à nue. Plus de faux-semblants. Lorsque que l'on apprend la véritable identité du coupable, c'est la giflle. 

La saison 2 s'ouvre sur le procès de Joe Latimer, coupable du meurtre donc. Le lynchage que subit Ellie Miller est dur à supporter. Olivia Colman est une formidable actrice. S'il y a bien un personnage que j'affectionne, c'est bien elle. Ellie est une femme forte, qui plit mais ne rompt pas face à la violence du rejet des Latimer, de son propre fils, et de la justice. Reléguée en agent de la circulation au fin fond de la campagne anglaise, Alec Hardy vient la déloger pour une autre vieille enquête. 

Contrairement à la première saison c'est un Alec plus sensible que l'on découvre. On apprend qu'il y a eu, deux ans auparavant, un double meurtre dont le dénouement lui a non seulement couté sa carrière, mais aussi sa famille. Impliqué auprès d'une femme supposée être un témoin protégé, Claire, une des pires manipulatrice du petit écran, et de son compagnon violent, David Tennant livre un jeu sur le fil, oscillant entre contenance et explosion. 

Lee Ashworth & Claire Ripley

Deux actrices de poids apparaissent:  Charlotte Rampling et Marianne Jean-Baptiste. La première Jocelyn Knight une avocate à la retraite, mentor de Sharon Bishop qui prend en main la défense de Joe Latimer. Un duo très puissant, qui amène aussi à s'interroger : l'indéfendable est-il défendable? 

Joe Miller


Cette deuxième saison malmène le spectateur comme The Killing l'avait si bien fait. On en sort pas indemne et notre conscience se retrouve forcément impliquée dans ce dénouement, si injuste. On se laisse facilement bercer par ce son si caractéristique des mouettes et des vagues de la plage de West Bay, décor naturel de la série, un climat si paisible du Dorset dont on ne soupçonnerait en aucun cas les pires tares de ces habitants.  

Broadchurch est une belle série. Une de celle qui laisse songeur comme Top of the Lake, qui nous pousse à nous questionner sur ce que vaut la société actuelle. J'espère qu'il y aura une unique et dernière saison pour fermer la boucle. Et que chacun trouvera enfin son apaisement. 




Broadchurch, de Chris Chibnall. 
Avec David Tennant, Olivia Coleman, Jodie Whittaker,Andrew Buchan, David Bardley
Musique composée par Olafur Arnaldo
Royaume-Uni

jeudi 26 février 2015

Whiplash


Whiplash c'est le morceau de Hank Levy que le réalisateur Damien Chazelle a mit en lumière durant tout le film.

Whiplash, ça signifie avant tout "le coup du lapin". Ça se passe alors qu'on ne s'y attend pas.

Comme pour ce film.

Ici la musique n'adoucit pas les moeurs, elle exulte de la rage, la colère, de la souffrance.

Et de l'ambition.

Il n'est pas question de talent inné mais de travail et d'acharnement. Ça, Andrew ( Miles Teller ) l'a comprit. Mais jusqu'au où peut-on pousser cette ambition? 

Andrew est talentueux et étudie dans le meilleur conservatoire du pays : le Shaffer Conservatory de New York. Alors qu'il répète il fait la connaissance du chef d'orchestre Terrence Fletcher qui jouit d'une notoriété monstrueuse.


La rencontre

Monstrueuse, c'est le cas de le dire. Fletcher voit un Charlie Parker dans quiconque cédera à son tyrannisme et qui lui permet de s'élever à la hauteur de Jo Jone, mentor de Charlie Parker "Bird". 
Le scène d'ouverture est le commencement de la spirale psychotique dans laquelle Andrew et Fletcher s'engageront. 

La scène des gifles successives est glaçante. Elles marques chaque " erreurs" de tempo et résonnent dans la pièce sous les regards des élèves muets et soumis en un regard.  J.K Simmons rappelle fortement son personnage de Schilinger dans Oz, personnage sans une once d'humanité.  Excepté que nous ne sommes pas en prison et que nous ne connaissons pas le passé de Fletcher pour savoir d'où lui vient cette cruauté.



Les acteurs sont exceptionnels. J.K Simmons et Miles Teller forment un duo éprouvant de par la persévérance du jeune Andrew et du sadisme de Fletcher.  Tout s'enchaine à la manière d'une partition, il n'y a aucun temps mort. Le spectateur n'a aucun répit, il se laisse porter par la musique teintée de violence, à moins que cela ne soit l'inverse. Et cette lumière dorée, reflet des cymbales et autres instruments qui sublime tout le film. 

Fantastique Milles Teller

La scène finale est transcendante. Le duel entre les deux hommes nous laisse K.O tant le jeu de Teller est brutal et désespéré. J.K Simmons l'accompagne avec froideur puis peu à peu avec passion et humanité. 


Je suis restée plusieurs minute avec le coeur battant et la batterie résonnant dans mes oreilles. Cela faisait quelques temps que je n'avais pas ressenti cette délicieuse sensation, vous savez lorsque le film se finit et que l'on se retrouve un peu bête car c'est déjà la fin et que l'on en veut encore.  

Ce film est une prouesse artistique et technique. J.K Simmons et Miles Teller y sont pour quelque chose, c'est indéniable, mais il doit aussi énormément à la photographie, dirigée par Sharon Meir, ainsi qu'au montage de Tom Cross.  

Whiplash est un court métrage réalisé par Damien Chazelle qui a su s'entourer d'une équipe pour en faire un long métrage beau et vibrant. 

La bande annonce:


Cinéma.

Aussi loin que je m'en souvienne le cinéma à toujours été une partie intégrante de ma vie. Hormis les les nombreux visionnages des Disney et Pixar, ce sont deux des premiers longs métrages d'animations de Henry Selick qui n'ont fait qu'accroître mon émerveillement de cinéphile.
Comme James et Jack, moi aussi je découvrais pour la première fois un univers ô combien différent de ce que j'avais pour habitude de regarder. 



James et la pêche géante. Un film de Henry Selick



L'étrange Noël de Mr Jack. Un film de Henry Selick, d'après une histoire de Tim Burton.

En grandissant cette curiosité est devenu une passion. Je me rappelle avoir regardé Orange Mécanique dans la clandestinité, mes parents m'ayant interdit de toucher à cette VHS.  Je ne savais pas que le film de Kubrick était en fait une adaptation du livre d'Anthony Burgess, livre grâce auquel j'ai saisi le sens du film. 

Tiens, parlons-en de Stanley Kubrick. Un des réalisateurs à avoir bouleversé mon adolescence: premiers émois avec Eyes Wide Shut. L'érotisme entre Tom Cruise et Nicole Kidman, cette plongée dans l'intimité d'un couple et la sensation de voyeurisme. Ajouter à ça la sublime B.O de Chris Isaak, je dois avouer que cela m'avait plus que troublé.

Il y a eu Georges Méliès et sa magie, Haneke et son réalisme brutal, Sergio Leone et son Once upon a time in America, dont je pourrais en débattre durant des jours. 


Robert de Niro & James Wood dans Once upon a time in America. Un film de Sergio Leone.


Gena Rowlands dans Gloria. Un film de John Cassavetes.

Puis vint John Cassavetes, Antonioni et Fellini. Trois réalisateurs, trois hommes qui avaient le don de sublimer les femmes, de les aimer à travers la caméra. Gena Rowlands, Monica Vitti, Giulietta Massini, Anita Ekberg... Toutes des femmes de caractères qui s'imposaient malgré le machisme qui régnait dans ce milieu. Leur cinéma s'est avéré être une vraie claque, j'avais envie de le faire connaître à tout le monde tant je trouvais ces films subjuguant d'intelligence de par leur avant-gardisme. 

Giulietta Massini dans La Strada. Un film de Federico Fellini.

C'est tout naturellement que je me suis dirigée vers des études cinématographiques. Les écoles étant hors de prix je suis allée à la fac et j'étais folle de joie à l'idée de pouvoir partager ma passion avec d'autres cinéphiles et d'en apprendre plus. 

J'ai vite déchanté.

Il faut savoir que la plupart des étudiants se retrouvent en arts car ils ne savent pas quoi faire. Du coup nous étions peu à être totalement investi, ce qui rendait les travaux et les échanges en groupes difficiles. 
De plus il y a énormément de théorie. Essayez d'apprendre le montage sans pratique, c'est totalement sans intérêt !
Pas d'atelier de scénarios non plus et pour quelqu'un comme moi qui aime écrire j'étais vraiment sur ma faim.  J'arrivais quand même à m'en sortir avec de bonne notes, du moins au début.

Sauf qu'il y avait certains professeurs qui imposaient leurs jugements. Je me rappelle m'être fait saquée lorsque j'avais un point de vue qui divergeait sur la Nouvelle Vague, un courant que ne n'aime pas.  Je me suis vite retrouvée avec des notes catastrophiques et des critiques déplacées et non justifiées. Quant aux professeurs qui prenaient leurs cours sur wikipédia ou qui plagient certains travaux, je préfère ne pas m'étaler.  La vie étant ce qu'elle est, je traversais une période pas très agréable.

Suite à cela j'ai préféré arrêter mes études avant d'être dégoûtée de ce qui me procurais tant de plaisir. La fac m'avait détourné  de cette liberté de ton que possède le cinéma. Il m'a fallu quelques temps pour me réapproprier mes propres sentiments sur cet art que je chéri tant. Aujourd'hui encore le métiers de critique reste dans un coin de ma tête, il ne suffit pas d'aller dans la plus prestigieuse école ou faculté pour faire un bon cinéaste, un bon acteur ou un bon journaliste. 

Il faut avant tout beaucoup de passion.